Allocution de Madame Anne-Marie IDRAC, Secrétaire d’Etat au Commerce extérieur en l’honneur de l’accession du Maroc au statut avancé

Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames, Messieurs, Chers amis.

Le 13 octobre dernier, le Maroc s’est vu reconnaître le statut avancé dans sa coopération avec l’Union européenne.

La France se réjouit profondément que ce statut ait vu le jour sous sa présidence de l’Union européenne.

Si nous avons porté ce dossier durant notre présidence, c’est parce qu’il y avait là un souhait conjoint des deux pays. C’est aussi parce que le Maroc méritait cette reconnaissance des 27 Etats membres de l’Union européenne. Cette reconnaissance, unique par sa nature, distingue le Maroc de façon singulière.

Le Maroc est déjà singulier lors que l’on évoque :

- l’ouverture des échanges humains : la communauté marocaine en France s’élève à un million de personnes. Elle est également présente en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie. On dénombre 45 500 immatriculés dans les consulats français au Maroc.

- Ces échanges humains vont de pair avec les échanges culturels : il y a les réseaux scolaires d’enseignement français (30 000 élèves) et espagnols (plusieurs milliers). Mais il y a également les instituts culturels des pays de l’Union européenne : français (12 instituts français et alliances franco-marocaines), espagnols (7 instituts Cervantes), italiens, portugais, britannique, allemand, ainsi que la coopération belge.

- Enfin, les échanges économiques, dont je me suis entretenue avec les Conseillers du commerce extérieur français.

1. En quoi consiste le statut avancé ?

Je le définirai de trois manières :

- C’est, d’abord, la réponse de l’Union européenne à un voeu exprimé par le Roi Mohammed VI au début de son règne en l’an 2000 : aller au-delà de l’accord d’Association signé en 1996 et, pour cela, instaurer une relation qui soit plus que l’association et moins que l’adhésion.

Cette relation décidée le 13 octobre, ce statut avancé, le Maroc est à ce jour le seul pays au monde à en bénéficier.

- Deuxièmement, il y a la substance : que va-t-on faire ensemble ? Ce que l’on va faire ensemble, c’est pousser plus loin l’association, aller plus loin dans l’ouverture mutuelle et la coopération.

L’accord d’association entre l’Union européenne et le Maroc est jeune (il est entré en vigueur en 2000) mais son acquis est déjà considérable. Le Maroc est ainsi pionnier dans la mise en Suvre du processus de Barcelone : il a su aller plus loin, plus vite dans tous les domaines.

En matière industrielle, l’ouverture réciproque est quasi-totale : les produits marocains entrent sans quotas ni droits de douane dans le marché européen et le Maroc assure la réciproque à l’Union européenne. Cette ouverture mutuelle a fait ses preuves. Quand je visite des entreprises au Maroc, quand je vois les créations d’emplois de qualité dans l’industrie (110 000), je me dis que votre pays a bien fait de choisir la voie de l’audace et celle du rapprochement avec l’Union européenne.

L’acquis est également considérable en matière de coopération. L’Union européenne mène une politique d’aide et de coopération qui s’est longtemps appelée le programme MEDA et s’appelle aujourd’hui la Politique européenne de voisinage. Dans cette coopération, le Maroc s’est hissé au premier rang. Il s’est imposé comme le premier bénéficiaire des fonds européens (Union européenne et Etats membres) au sein de l’ensemble de la région.

Pourquoi l’Union européenne a-t-elle réservé au Maroc une place aussi importante dans sa coopération ?

Pour deux raisons :

- La première tient à l’ambition, à l’étendue et à la rapidité des réformes marocaines, dans tous les domaines. Réformes économiques avec le Plan émergence et la réforme de la fiscalité. Réformes sociales et sociétales avec la mise en place de l’Assurance maladie obligatoire, le régime d’assistance pour les plus démunis et, bien sûr la Moudawana. Progrès touchant à la vie politique et à la gouvernance avec, par exemple, l’Instance Equité et Réconciliation et le bon déroulement des élections législatives.

On peut citer également les privatisations et l’afflux sans précédent des investissements directs étrangers (dont la moitié proviennent de France).

- La deuxième raison de l’ampleur de l’aide européenne, c’est la capacité du Maroc à conduire des projets qui justifient la mobilisation des fonds européens.

Au cours de la décennie écoulée, le Maroc a prouvé sa capacité à réaliser de grandes infrastructures de classe internationale. Je pense à Tanger Med bien sûr, mais également à d-autres réalisations comme le chantier du Bouregreg, que j’ai visité.

Le statut avancé conduira à étendre l’ouverture réciproque à de nouveaux terrains, en particulier en matière d’agriculture et de services. Il permettra d’approfondir la coopération.

La formation sera l’un des terrains privilégiés de cette coopération.

Ceci représentera pour le Maroc des possibilités supplémentaires de modernisation, de croissance et de progrès social.

Mais le statut avancé, ce n’est pas seulement cela et j’en viens à la troisième dimension, à mes yeux la plus importante : l’entrée du Maroc dans les politiques, les discussions, voire la législation de l’Union européenne. Dans le respect de son identité et de ses spécificités, le Maroc s’est engagé dans un processus de convergence en profondeur avec l’Europe.

Après les échanges, après la solidarité, cela m’amène à évoquer une autre composante du partenariat euro-marocain : l’alignement vers le haut.

Cet alignement vers le haut est la voie que l’Union européenne a toujours privilégiée pour elle-même. Cette méthode a fait ses preuves. Elle a fait de l’intégration européenne une grande expérience de développement. Elle entraîne des progrès spectaculaires des pays qui ont rejoint l’Union et qui ont parfois vu l’investissement direct doubler ou tripler sur leur territoire.

Avec le statut avancé, le Maroc va pouvoir s’appuyer sur l’expérience et la référence européenne pour avancer . Par exemple, il pourra s’inspirer des règles du marché intérieur européen dans l’élaboration de sa propre législation. Ce type de rapprochement peut donner un avantage décisif aux entreprises marocaines, y compris dans le cadre plus large de l’OMC.

Dans le même temps, le statut avancé sera l’occasion pour le Maroc de participer, selon des modalités à définir ensemble, à certaines réunions décisionnelles avec l’Union européenne, notamment dans le cadre du dialogue politique.

Au-delà de la présidence française, le Maroc pourra compter sur la France pour plaider la cause d’une coopération euro-marocaine toujours plus exigeante.

***

Permettez-moi, en conclusion, un dernier commentaire sur cette densité de relations. Ces relations économiques multiples et cette richesse en partenariats de toute nature sont à mes yeux et aux yeux des autorités françaises la meilleure façon d’être fidèles à notre histoire.

Saint-Exupéry disait « s’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre. C’est regarder ensemble dans la même direction ».

Regarder ensemble vers l’avenir, c’est aussi cela le partenariat d’exception. Je vous remercie de votre attention.

Dernière modification : 05/02/2009

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