Mali/Tribune conjointe des ambassadeurs de France et du Mali au Maroc

ENSEMBLE POUR UN NOUVEAU MALI

JPEGLe Mali a connu deux grands événements ces derniers temps. A New York, le 25 avril, les Nations Unies ont décidé de créer la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Mali, la MINUSMA, afin d’aider l’Etat malien à renforcer son autorité sur tout le territoire. Le 15 mai à Bruxelles, la France et l’Union Européenne ont organisé une conférence de donateurs pour recueillir des promesses d’aide en faveur de la reconstruction du Mali. Ces deux événements marquent un tournant important pour le futur du Mali ainsi que pour la stabilité de la région sahélo-saharienne toute entière.

Rappelons-le, l’année 2013 s’est ouverte avec une grande incertitude. Le Mali était coupé en deux. Des groupes terroristes obscurantistes se sont emparés du Nord du pays et se sont arrogé tous les droits : celui de terroriser la population, de détruire le patrimoine islamique du pays, de violenter les femmes et d’organiser des trafics en tous genres. Tandis que la communauté internationale tardait à mettre en place un plan d’intervention, ces groupes ont soudainement franchi un pas supplémentaire en traversant le fleuve Niger. Par cet acte, ils s’apprêtaient à conquérir le pays tout entier et à faire du Mali une base pour faire chavirer toute la région dans le chaos.

Le Mali a dit NON à cette nouvelle escalade et à la demande de son président, le Professeur Dioncounda Traore, les militaires français de l’opération Serval sont intervenus, en appui des forces armées maliennes, aux côtés des troupes africaines de la MISMA. Cette opération cruciale et urgente, lancée pour protéger la population malienne et sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali, était placée sous l’égide de la résolution 2085 des Nations Unies qui, rappelons-le, avait été adoptée sous la présidence marocaine du Conseil de sécurité. La campagne militaire qui s’en est suivie a été soutenue par les partenaires et alliés de la France et du Mali, dont le Maroc. Une à une, les villes emblématiques de Gao, Tombouctou et Kidal furent libérées. Ces libérations ont été chèrement acquises au prix de vies de soldats maliens, français et africains. Le Président de la République François Hollande s’est rendu au Mali le 2 février pour redire les objectifs que s’est fixée la communauté internationale : faire échec au projet moyenâgeux d’AQMI et de ses alliés et aider le Mali à préparer sereinement son avenir. Avec ces deux objectifs en ligne de mire, la communauté internationale s’engage aux côtés des autorités de Bamako sur trois fronts simultanément.

Le front sécuritaire d’abord.

Le Conseil de Sécurité, en adoptant unanimement la résolution 2100, a donné le feu vert à un engagement de plus de 12 000 Casques bleus dotés d’un mandat robuste pour sécuriser le pays. Cette résolution a également accueilli favorablement la mission de formation de l’Union Européenne, EUTM Mali, chargée d’entraîner les forces maliennes à mieux assurer leurs missions dans le futur. La France entend rester engagée aux côtés du peuple malien, comme l’a montré le vote unanime du Parlement français prolongeant la mission de ses forces le 22 avril. Toutefois, après le retour du Nord Mali sous le contrôle effectif de ses autorités légitimes, la France a amorcé une réduction de sa présence militaire, comme elle l’avait annoncée. A partir du 1er juillet, au fur et à mesure que les casques bleus se déploieront, les troupes françaises se désengageront progressivement de façon à maintenir, d’ici la fin de l’année, 1 000 hommes sur place. Cela se fera de façon concertée avec les autorités maliennes car des poches de résistance existent toujours et nous savons que l’ennemi n’est pas loin. En tout état de cause, le double attentat-suicide intervenu, le 23 mai à Agadez et Arlit au Niger, prouve que les pays du Sahel et la communauté internationale doivent plus que jamais rester solidaires et déterminés dans le combat pour éradiquer de la région le terrorisme sous toutes ses formes.

Le front démocratique ensuite.

La consolidation de la démocratie malienne est un objectif incontournable. « La réconciliation passe par l’élection », comme l’a dit le ministre Laurent Fabius. Cela implique la mise en œuvre de la feuille de route de la transition adoptée par les autorités maliennes. Ce document prévoit notamment l’organisation d’élections présidentielles libres sur tout le territoire malien, en juillet prochain. Si la communauté internationale estime, à juste titre, que c’est un immense défi à relever, elle est convaincue que la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles est la clé de voûte pour la réussite de la transition et la légitimité politique des nouvelles autorités. Cette transition démocratique devra se faire par la voie de la négociation. Elle devra ensuite être actée par les urnes et non par les armes. C’est précisément pour cette raison que la communauté internationale est favorable à une solution politique entre le MNLA et les autorités maliennes. Le travail de la commission nationale de dialogue et de réconciliation, représentative de la diversité du Mali, constitue l’une des voies pour trouver une sortie de crise durable.

Le troisième front, le plus long, est celui du développement.

Après avoir gagné sa guerre contre le terrorisme, il faut que le Mali gagne la paix. Les autorités maliennes doivent remettre à pied des infrastructures détruites par les groupes terroristes : bâtiments publics, marchés, écoles, centres de santé, pompes à eau, etc. la liste est interminable. Or, le retour des réfugiés et le redémarrage des activités ne peuvent se faire sans ces services essentiels à une vie normale. Voilà la raison principale de la conférence de Bruxelles intitulée « Ensemble pour un renouveau du Mali ». L’Union Européenne s’est engagée à apporter 520 millions d’euros malgré la crise économique qu’elle traverse. Le Maroc pour sa part a promis 5 millions de dollars. L’aide de la France s’élèvera à 280 millions d’euros. Au total 3,2 milliards d’euros ont été mobilisés. Ces contributions financeront le Plan pour la relance durable du Mali dont la mise en œuvre se fera sous la stricte application des critères de transparence et de bonne gouvernance.

C’est en résumé le cahier des charges pour tous les acteurs impliqués au service du peuple malien. Nous sommes persuadés que l’édification d’un nouveau Mali se fera. Notre conviction est renforcée quand on regarde l’action soutenue et bienveillante des autorités du Maroc au plus haut niveau à l’égard du Mali « frère ».

Dernière modification : 29/05/2013

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