Rencontre économique entre le MEDEF et la CGEM, 28 mars 2012 à Rabat

Dominique Bocquet

A l’initiative du Club des chefs d’entreprises France-Maroc, une grande rencontre d’investisseurs des deux pays s’est tenue à Rabat le 28 mars dernier. L’occasion de revenir avec le Chef du Service économique régional de l’Ambassade de France, Dominique Bocquet, sur les résultats de cette rencontre, qui a selon lui, ‘frappé les esprits’ et de dresser un bilan des relations économiques bilatérales entre la France et le Royaume du Maroc.

Quels sont les résultats de la rencontre économique du 28 mars entre le MEDEF et la CGEM ?

Le premier résultat a été de marquer avec les autorités marocaines l’importance de la relation franco-marocaine et de donner un signal de continuité après les élections législatives de novembre 2011 qui ont amené un changement de gouvernement.

Le deuxième résultat a été obtenu grâce à l’effort de mobilisation considérable du gouvernement marocain, marqué par la présence lors de cette journée d’Abdelilah Benkirane et de huit ministres de son gouvernement. Cet effort leur a d’ailleurs permis de se faire connaître des chefs d’entreprise français et de les rassurer sur les intentions du gouvernement marocain vis-à-vis des investisseurs. Il y a désormais 210 chefs d’entreprises français qui sont en mesure d’être les avocats du Maroc, de montrer que c’est un pays plus que jamais ouvert aux investisseurs et que les inquiétudes qu’il pourrait y avoir ne sont pas fondées.

Enfin, le troisième résultat, est que cette rencontre, par son succès même et par la qualité des échanges qui ont eu lieu, a bien montré le potentiel de la relation franco-marocaine. Il ne s’agit pas seulement de faire des affaires mais de construire ensemble des perspectives d’investissement dans de très nombreux secteurs.

Quel a été le rôle du Service économique régional de l’Ambassade dans l’organisation de cette journée ?

Le Service économique régional (SER) a fait parti d’une équipe, au côté des patronats marocain et français.

Ce que le SER essaye d’apporter par ce type d’initiative relève de trois choses. Il essaye tout d’abord de donner une vision d’ensemble de la relation économique franco-marocaine, d’en analyser les tenants et les aboutissants, les formes qu’elle prend aujourd’hui, et montrer son importance pour la France et le Maroc.

Le SER joue ensuite un rôle d’animation de la communauté des affaires françaises au Maroc, notamment par le biais des conseillers du commerce extérieur français. Ces conseillers ont pu, lors de cette rencontre, prendre part directement aux discussions dans chacun des grands secteurs concernés (offshoring, tourisme, industrie aéronautique, équipement automobile, agrobusiness, partenariat public-privé, infrastructures).

Nous tenions également à ce que cette rencontre ne soit pas seulement un show, mais qu’elle donne lieu à un réel approfondissement des discussions, notamment à travers l’organisation préalable de bilans de politiques sectorielles, réalisés conjointement par les investisseurs marocains et français. Sur chacun des huit secteurs, il y a eu un co-chef de fil marocain et un co-chef de fil français. Le SER a apporté son appui méthodologique à cette démarche tout au long des deux mois qui l’ont précédé et proposé un canevas aux participants.

Quel bilan d’étape faites-vous des coopérations économiques sectorielles ? Pouvez-vous nous donner des exemples précis des formes prises par ce type de partenariat ?

Il y a des politiques de coopération sectorielle qui sont privées-privées. Le secteur privé français débouchant sur des investissements privés au Maroc. J’en citerai quatre qui sont exemplaires : le tourisme, l’offshoring, l’aéronautique et l’automobile. Dans tous ces domaines le partenariat a été fondamental, il est d’intérêt mutuel.

Dans le secteur du tourisme, la France représente à peu près 40% des recettes touristiques internationales du Maroc. Aujourd’hui, comme ces recettes ont pratiquement triplé, c’est un des facteurs de la croissance marocaine. De leur côté, les Français y ont trouvé leur compte. Ils sont devenus des acteurs du paysage touristique au Maroc, même s’ils le font de plus en plus en partenariat avec des investisseurs marocains. Il s’agit d’un jeu gagnant-gagnant entre des investissements français, un vivier de clients français, et en même temps la montée en puissance des partenaires et investisseurs marocains.

L’offshoring est aussi un domaine où la France est très active au Maroc. Ce secteur s’est développé au cours des dernières années et a un très grand potentiel.

L’aéronautique et l’automobile sont des cas un peu différents. Ce sont des domaines où l’industrie française a choisi le Maroc comme poumon de compétitivité en tirant parti de la qualité de la main d’œuvre marocaine et des infrastructures, avec notamment l’ensemble industriel aéronautique de Nouaceur, et la grande usine de Renault-Tanger. L’intérêt pour le Maroc est de développer des savoir-faire dans ces domaines là.

Il existe également des politiques de coopération économiques où la puissance publique française intervient davantage. C’est le cas par exemple du ferroviaire, et en parti des secteurs comme ceux de l’énergie, de l’environnement et de l’eau, où il y a des appuis financiers français importants, qui aident notamment les entreprises publiques marocaines à se développer. A titre d’exemple, les crédits commerciaux concessionnels alloués au Maroc dans le domaine ferroviaire par la France (prêts dit « Réserve pays émergents ») s’élèvent à 1 milliards d’euros.

Qu’est-ce que le Club des chefs d’entreprise France-Maroc ?

C’est une instance qui a été créée pour marquer l’importance de la relation bilatérale franco-marocaine. Dans les deux pays, le patronat a une ouverture sur l’international. Lors de cette rencontre, nous avons également tenu à y associer quatre personnalités. Jean-René Fourtou, président du Conseil de surveillance de Vivendi, Jean-Paul Herteman président de Safran pour la France, Mohamed El Kettani président d’Attijariwafa Bank et Saïda Karim Lamrani présidente du groupe Safari pour le Maroc. L’idée a été de montrer, par l’implication de ses personnalités, l’importance particulière de la relation franco-marocaine.

Quelles sont les caractéristiques principales de la relation économique bilatérale France-Maroc ?

L’ampleur, l’intensité et la fidélité.

L’ampleur de cette relation tient au fait que les deux pays sont des partenaires très privilégiés. Le Maroc est la première destination des investissements français dans toute la région Afrique-Moyen Orient. La France est la première destination des exportations marocaines.

L’intensité résulte du tissu extrêmement serré de plus de 1000 entreprises françaises qui ont créées des activités au Maroc. Il y a beaucoup d’opérateurs économiques qui vivent à cheval sur les deux pays et qui créent de la valeur dans les deux pays.

Enfin, la fidélité, car il existe entre le Maroc et la France une vraie relation de confiance qui permet de surmonter ensemble les difficultés immanentes à toutes activités économiques internationales.

Quelles sont les opportunités particulières offertes par le Maroc en termes d’investissement ?

Le Maroc est un pays jeune en termes de développement économique. Ce qui veut dire qu’il existe un potentiel important, notamment en termes de ressources humaines, de talents, de dynamisme, de jeunesse, que les entreprises françaises tiennent en haute estime et qu’elles souhaitent pouvoir mobiliser au service du développement de leurs capacités productives.

Le Maroc est tout près de l’Europe. C’est le pays de la Méditerranée le plus proche de l’Europe occidentale, et il a su cultiver cet atout par la création d’infrastructures telles que les autoroutes et maintenant les réseaux ferroviaires. Le Maroc est ce que l’on appelle une « connectivité », ce qui lui permet de fournir des marchandises et des produits d’une qualité sans cesse plus élevée à des opérateurs français.

Ainsi, au regard de l’importance de la relation économique bilatérale entre la France et le Maroc, notre Ambassade à Rabat a une activité très intense. Il faut en permanence gérer les priorités entre d’une part les évènements comme la rencontre économique du 28 mars, mais également les très nombreuses missions qui viennent de Paris (une cinquantaine par an).
Les missions du SER sont variées : gérer de l’aide aux projets, des instruments financiers de Bercy, des prêts commerciaux.

Notre service a également un rôle d’analyse économique important et veille en permanence à privilégier des analyses et stratégies de long terme, afin de ne pas être simplement focalisé sur les urgences et l’immédiateté.

- Quelques chiffres

- Biographie de Dominique Bocquet

- Visuels pour téléchargement :

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Arrivée du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane
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Abdelilah Benkirane et Jean-René Fourtou, Président du conseil de surveillance de Vivendi.
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Dernière modification : 17/04/2012

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